En 1967, un ingénieur anglais, Eric Laithwaite, démontre qu’il est possible d’utiliser les forces magnétiques pour se déplacer. Il imagine un train à sustentation électromagnétique, le Maglev, qui n’est donc pas en contact avec des rails contrairement aux trains classiques. Les premières tentatives d’exploitation commerciale, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne furent des échecs. Il a fallu attendre 2004 pour voir relancer le train à lévitation magnétique avec l’inauguration du Transrapid de Shanghai qui relie en 7 minutes le centre-ville à son aéroport, situé à 30 km, en effectuant des pointes à 431 km/h. Une réussite qui en fait la ligne la plus rapide dans le monde utilisée en transport régulier. Depuis les projets et les réalisations se multiplient.
En 2015, le SC Maglev (Superconducting Magnetic Levitation) atteint la vitesse de 603 km/h sur le tronçon expérimental d’une ligne qui devrait relier Tokyo à Nagoya en 2027 puis à Osaka (400 km à vol d’oiseau) en 2037. Le SC Maglev a ainsi battu de 30km/h le record de vitesse détenu par un train.
En 2016, une ligne de 6 km reliant la station Yongyu à l’aéroport d’Incheon en Corée du Sud est mise en service et une autre de 19 kilomètre est ouverte à Changsha, en Chine, reliant la gare de Changsha-Sud à l’aéroport international de Changsha Huanghua, situé à l’ouest de la ville.
En 2018, toujours en Chine, la ligne S1 du métro de Pékin utilise cette technologie sur 8 km.
Aux Etats-Unis, la société Arrivo Loop, a conclu un contrat avec l’Etat du Colorado pour développer, d’ici dix ans, dans la métropole de Denver un réseau de pistes électromagnétiques en parallèle des grands axes routiers. L’objectif est de permettre des déplacements à la vitesse de 300 km/h selon un principe s’inspirant du Maglev.
La véritable révolution devrait cependant venir de l’Hyperloop, le concept présenté dès 2013 par Elon Musk le patron de Tessla le leader de la voiture électrique aux Etats-Unis.
L’hyperloop doit permettre, à moindre coût et sans dommage pour l’environnement, de relier les villes en quelques minutes là où le trajet en train prend actuellement plusieurs heures.
Le système Hyperloop se compose de cabines mobiles qui flottent sur coussins magnétiques et circulent, d’une gare à l’autre, à l’intérieur d’un tube mis partiellement sous vide pour limiter les frictions de l’air. Chaque cabine peut accueillir de 28 à 40 personnes et se déplace à une vitesse proche de celle du son, soit quatre fois plus vite qu’un TGV. La propulsion électromagnétique des cabines est assurée par des moteurs à induction linéaire placés à intervalles réguliers le long du trajet. L’énergie est fournie par des batteries alimentées et rechargés par des panneaux photovoltaïques fixés au-dessus du tube. Selon Elon Musk, compte tenu de la faible consommation d’électricité du système électromagnétique, l’hyperloop devrait être un moyen de transport à énergie positive et retourner son énergie excédentaire sur le réseau électrique national.
Avec un départ des cabines cadencé toutes les 40 secondes, chaque ligne pourrait transporter jusqu’à 164.000 passagers par jour. En mode fret, l’hyperloop pourrait gérer quotidiennement 4000 containers.
L’Hyperloop One a déjà effectué de nombreux tests encourageant confirmant la validité du concept. En novembre 2020, pour la première fois, deux passagers humains ont participé à un test Hyperloop sur un tunnel d’essai de 8 km dans le désert du Nevada (États-Unis).
Aujourd’hui Hyperloop One a des concurrents, en particulier HTT (Hyperloop Transportation Technologies) et Transpod.
HTT fonctionne sur un mode coopératif original avec quelque 500 personnes réparties dans le monde et travaillant en réseau avec le siège HTT qui n’abrite qu’une une vingtaine de personnes. Les contributeurs au projets conservent pour la plupart un autre emploi par ailleurs et sont rémunérées en options sur actions (stock options) HTT vient de créer un centre d’essai à Toulouse sur l’ancienne base militaire de Francazal, non loin des ateliers d’Airbus Industries dans une zone d’activités dédiées aux industries de l’aéronautique et du spatial.
TransPod, startup canadienne, basée à Toronto, se propose de développer un véhicule autonome pouvant atteindre comme les autres Hyperloop des vitesses supérieures à 1000 km/h avec une infrastructure alimentée à l’énergie solaire. TransPod aurait pour objectif la construction d’une ligne ultra-rapide Montréal-Toronto pour le transport de passagers et de marchandises.
La prospection commerciale pour implanter l’hyperloop au plan mondial est par ailleurs déjà lancée.
Un consortium, FS Links, s’est constitué pour étudier la possibilité d’une ligne hyperloop de 500 kilomètres pour relier la Suède à la Finlande en passant par les îles Aland. Pour les passagers comme pour les marchandises, le temps de trajet entre Helsinki et Stockholm serait de moins de 30 minutes contre une nuit par le ferry. La liaison pourrait être totalement opérationnelle vers 2035.
Au Moyen-Orient, une ligne reliant Abou Dhabi à Dubaï est à l’étude, avec pour objectif de ramener le temps de trajet de 90 minutes actuellement à 10 minutes.
En Russie, Vladimir Poutine a manifesté son intérêt pour l’hyperloop. Il estime que son pays, avec son immense territoire, pourrait être un des premiers pays à développer ce mode de transport et le fond d’investissement russe Caspian Venture Capital a pris une petite participation dans le capital de Virgin Hyperloop One.
De son coté HTT a conclu un accord avec le gouvernement slovaque pour étudier un réseau hyperloop reliant sa capitale Bratislava à d’autres capitales européennes comme Vienne en Autriche ou Budapest en Hongrie. Avec la ville de Brno en République Tchèque, un accord plus précis prévoie la construction d’une première ligne opérationnelle Brno-Bratislava (130 kilomètres) suivie d’une deuxième ligne pour relier Brno à Prague, distante de 240 kilomètres.
Aux Emirats Arabes Unis, HTT et Aldar Properties PJSC ont entamé la construction des premiers éléments d’une ligne qui doit à terme relier Abou Dhabi à la vieille cité d’Al Ain, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, en moins de 10 minutes (contre plus d’une heure actuellement par la route).
En Indonésie, une étude est également en cours avec des investisseurs privés, pour créer un réseau hyperloop à partir de Jakarta et déterminer les possibilités de liaison entre Java et Sumatra. En Corée, HTT travaille avec l’Institut coréen du bâtiment et du génie civil et l’université Hanyang pour développer localement l’ HyperTube Express (HTX).
En Inde , une ligne reliant Pune et Bombay pouvant transporter jusqu’à 150 millions de personnes par an est à l’étude à Hyperloop One avec l’objectif de ramener le temps de trajet de 3 heurs à 25 minutes. Une liaison entre les villes d’Amaravati et de Vijaywada est également à l’étude avec HTT.
Aux Etats-Unis, HTT et le Centre de Recherche des Grands Lacs de Cleveland ont reçu une commande de l’Agence de l’aménagement du nord-est de l’Ohio pour étendre le projet déjà à l’étude d’un futur Hyperloop des grands lacs (Great Lakes Hyperloop) Cleveland – Chicago.
Aux Etats-Unis et au Canada, avec le développement technique qui doit amener la vitesse de l’Hyperloop One à 1200 km/h, de nombreux projets sont à l’étude pour relier la quarantaine de zones métropolitaines de l’Amérique du Nord et leur 100 millions d‘habitants. L’hyperloop fonctionnant comme un métro , pourrait réduire considérablement les temps de trajets entre les villes de l’Amérique. Avec la voitureautonome qui s’imposera pratiquement au même moment et l’ensemble des autres révolutions technologiques qui s’annoncent, c’est le cadre de vie de l’Amérique entière qui va profondément évoluer dans les prochaines décennies. Les autres continents, et l’Europe en particulier, suivront rapidement la même évolution et la carte du transport mondial pourrait ressembler au plan de métro imaginé par l’artiste Mark Ovenden en 2003.