Ainsi que le notait Gaston Bergé le père de la prospective française, « l’homme a mis des milliers d’années pour passer de la vitesse de sa propre course à celle que peut atteindre un cheval au galop. Il lui a fallu vingt-cinq ou trente siècles pour parvenir à couvrir cent kilomètres dans une heure. Cinquante ans lui ont suffi pour dépasser la vitesse du son.[1] ». En 1969 Appollo 10 fut le premier engin spatial à pilotage humain à atteindre les 40.000 km/h. Lancée en 1976, la sonde Hélios 2 allait dépasser les 250.000 km/h en pointe.
Certains scientifiques envisagent même sérieusement que la vitesse de la lumière soit un jour dépassée. Selon Harold G. White, un ingénieur de la NASA, qui travaille au Centre spatial Lyndon B. Johnson de Houston, il est théoriquement possible de contourner la théorie de la relativité d’Albert Einstein selon laquelle aucune vitesse dans l’univers ne peut excéder celle de la lumière.
Pour cela il propose d’utiliser la « propulsion Alcubierre » qui permettrait d’atteindre des vitesses supraluminiques en déformant l’espace-temps autour du vaisseau et ainsi de réduire considérablement la distance réelle à parcourir [2]. Harold White a calculé que l’énergie nécessaire pour courber l’espace serait minimum si la « bulle de distorsion » prenait la forme d’un tore. Pour le moment la petite équipe de la NASA qui travaille sur ce sujet cherche modestement à créer de telles distorsions à l’échelle microscopique. Pour suivre ces éventuelles distorsions de l’espace-temps, la NASA a fabriqué un interféromètre spécial dit de White-Juday. En cas de réussite de ces tests, le projet s’intéressera à des objets plus gros avec l’espoir de parvenir à une véritable percée dans le domaine spatial.
[1] Gaston Berger, Jacques de Bourbon-Busset, Pierre Massé. “De la prospective – Textes fondamentaux de la prospective française (1955-1966 )” – Editions L’Harmattan
[2] Harold G. White. Warp Field Mechanics 101. 100 Year Starship Symposium, Orlando, Floride (septembre 2011)