Jeffrey Berns, un entrepreneur visionnaire qui a fait fortune dans les cryptomonnaies avec son entreprise Blockchains LLC, projette de contruire une ville entièrement nouvelle et expérimentale dans le désert du Nevada. Dans cette cité du futur, la monnaie aura disparue, remplacée par le bitcoin (ou son équivalent) et la paperasse y sera proscrite grâce à la technologie blockchain. Cette ville intelligente et interconnectée, disposerait également de ses propres lois et d’un régime fiscal particulier. Elle deviendrait une sorte de principauté quasi autonome au cœur des États-Unis, fonctionnant sans banques ni services administatifs.
Dès 2018, Jeffrey Berns a acheté un immense terrain de 30.000 hectares dans le comté de Washoe, aux alentours de Reno, la petite sœur de Las Vegas. Il demande à présent aux autorités du Nevada la création d’une “zone spéciale d’innovation” pour sa ville nouvelle, baptisée Painted Rock Smart City, où seront construits 15.000 logements et diverses infrastructures pour quelque 36.000 résidents.
Le projet peut paraître utopique et il rencontre l’opposition des milieux conservateurs mais il est fort probable que l’État donne son vert car le gouverneur démocrate du Nevada, Steve Sisolak, a déjà fait savoir en février dernier, qu’il soutenait ce projet. Il est vrai que le Nevada, jeune État américain, créé en 1858, a une tradition d’ouverture aux projets innovants.
Le comté de Washoe est déjà la première entité administrative américaine a avoir instauré le contrat de mariage, dématérialisé et sécurisé version blockchain. D’autres documents admministratifs devraient également suivre comme les permis de conduire ou le certificat de naissance, déjà en vigueur dans le comté voisin d’Elko. Jeffrey Berns avance donc en terrain acquis à ses idées. Pour lui, la blockchain de Painted Rock Smart City devra non seulement éliminer les intermédiaires financiers et administatifs, mais elle devra aussi “démocratiser la démocratie” en permettant la gestion participative de la ville avec tous les citoyens.
Le gouverneur Sisolak y voit aussi une opportunité pour diversifier l’économie du Nevada, encore très tournée vers le jeu et le tourisme. Il encourage donc la venue d’activités plus en phase avec le 21ème siècle. Ce n’est pas un hasard si Elon Musk a choisi le Nevada pour y construire “Gigafactory 1” qui doit devenir la plus grande usine au monde pour batteries de voitures électriques.
Painted Rock Smart City s’inscrit par ailleurs dans un mouvement planétaire de création ex-nihilo de villes nouvelles. Selon une étude récente de chercheurs de l’Université Mc Gill de Montréal, 150 villes importantes sont ainsi apparues ces 20 dernières années, principalement en Asie, au Moyen-Orient et aux Amériques. Jamais autant de villes nouvelles n’ont été construites dans une période aussi courte dans l’histoire de l’humanité.
Ces villes nouvelles expérimentent de nouveaux modes de vie et de nouvelles formes de gouvernance. Elles auront des impacts sociaux, économiques, politiques considérables dans les années à venir.
Parallèlement les grandes métropoles cherchent aussi, de leur coté, à acquérir de plus en plus d’autonomie vis-à-vis de leurs autorités tutélaires. Enfin des mouvements, comme le “Projet Venus ” inspiré des travaux de Jacque Fresco, repensent l’espace urbain considéré comme le levier essentiel d’une révolution sociétale.
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