L’émergence de la maison modulable (ou modulaire) est un phénomène récent qui s’inscrit dans des tendances sociétales : recherche de lien avec la nature et d’un habitat plus écologique et économe, réutilisation de matériaux et mode de vie plus frugal, évolutivité possible du logement en fonction de la structure familiale.
Il y a une dizaine d’années, aux Pays-Bas, des artistes ont l’idée d’utiliser des conteneurs pour aménager d’abord des ateliers, puis des logements d’étudiants. Les architectes de la société Tempohousing s’emparent alors du concept et le développe en empilant des unités proches du container sur plusieurs étages pour créer de véritables cités universitaires, des hôtels, des immeubles de résidence, etc. En France, La Résidence A Docks au Havre est la première résidence étudiante française construite en 2010 sur ce modèle. Réalisée à l’économie et souffrant de nombreuses malfaçons, elle ne s’impose toutefois pas comme un exemple de réussite.
Jusqu’à présent, l’architecture de containers semblait avoir principalement séduit des personnes proches du monde des arts en général, du design ou de l’architecture en particulier. La reconversion de ces grandes boîtes métalliques en logements présentait une esthétique extérieure pas toujours appréciée.
Aujourd’hui, avec l’épidémie de la Covid-19, ce type d’habitat séduit un public plus large. Le logement modulaire s’adapte au contexte, il peut se construire rapidement à la campagne pour un coût compétitif, permet d’ajouter un espace pour le télétravail, etc. L’habitat modulaire reste aussi parfaitement compatible avec l’environnement urbain et nombre d’architectes d’avant-garde relancent le concept pour moderniser et reconfigurer la ville de demain. La cité devient flexible, modulable et organique plutôt qu’en perpétuelle démolition-reconstruction.
Au-delà de la conteneurisation de l’habitat, de nombreuses entreprises innovantes, entrevoyant un marché porteur pour ces constructions modulables, commencent à proposer de belles réalisations avec des matériaux recyclables et chauds comme par exemple le bois, le chanvre et des dérivés innovants du béton.
Conçue au départ par exemple comme un loft contemporain, une telle maison modulable peut être confortable, lumineuse, agréable à vivre, et surtout, elle peut s’adapter et évoluer avec la taille et le mode de vie de la famille. En fonction des besoins, il est possible d’ajouter une chambre supplémentaire pour le “petit dernier”, un étage complet ou une “annexe” au fond du jardin pour installer les parents, qui vieillissent, un « pool house » pour recevoir les amis au bord de la piscine, un garage, un bureau, etc.
Plus innovant encore : la maison « origami » : les maisons sont supposées être rigides et stables. Mais à l’avenir, celles construites avec un polymère à mémoire de forme pourraient changer de volume, voire être plus grandes avec les changements de température. Les chercheurs de l’IAAC l’Institut d’architecture avancée de Catalogne ont posé les fondations du prototype d’une maison origami. Il leur a fallu pour cela trouver des matériaux nouveaux capables d’épouser les formes géométriques souhaitées par les architectes.
