Dans les prochaines décennies l’évolution technologique va modifier le travail en profondeur. L’intelligence artificielle, la robotique, les objets connectés, l’impression 3D, la blockchain, etc. vont modifier le contenu de bon nombre d’emplois voire les faire disparaître. Au-delà des mutations technologiques, de nouvelles aspirations de la société s’exprimeront pour un travail plus porteur de sens et d’éthique.
La globalisation de l’économie planétaire aura par ailleurs des conséquences de plus en plus visibles sur le marché du travail. Les entreprises maintiendront de moins en moins une organisation figée avec des salariés en contrat à durée indéterminée. Elles fonctionneront selon une logique de projets, au niveau local et au niveau international. Pour un travail donné, une entreprise cherchera les meilleures compétences pour constituer l’équipe qui mènera à bien le projet, pour quelques mois ou pour plusieurs années.
Pour certains métiers du savoir, les nouveaux outils numériques de communication et de travail collaboratifs permettront d’organiser le travail via l’internet, gommant ainsi les contraintes de fuseaux horaires et de géographie. Les jeunes d’Afrique et d’Asie, de plus en plus nombreux et surtout de mieux en mieux éduqués devraient être en mesure de tirer profit des ces évolutions et de s’insérer dans les équipes travaillant en ligne.
Pour l’essentiel, le travailleur ne fera plus carrière dans une seule entreprise mais il devra saisir les opportunités qui correspondront à ses compétences. Il devra donc changer souvent d’employeur et être prêt à accepter une certaine mobilité géographique. De même qu’il aura à changer d’employeurs, il aura aussi à se former tout au long de sa vie professionnelle, pour changer de métier ou actualiser ses connaissances dans sa spécialité. Les nouvelles technologies (e-learning et self-learning) l’aideront à le faire sur les lieux même de son activité : il apprendra ou se reconvertira en travaillant. L’adaptabilité et l’aptitude à acquérir de nouvelles compétences deviendront plus importantes que la formation initiale et le diplôme. Les gens se formeront tout au long de leur carrière pour actualiser leur savoir-faire ou s’adapter à de nouveaux métiers.
Une autre tendance de fond qui modifie déjà le marché du travail est le développement du travail indépendant, subi quand toutes les possibilités de décrocher un emploi salarié ont échoué ou voulu quand il s’agit d’une personne qui privilégie la responsabilité et l’initiative personnelle. C’est ce dernier profil qui nourrit les nombreuses start-up qui se qui se créent, dans les nouvelles technologies mais pas seulement car la génération qui arrive sur le marché du travail apprécie la liberté que procure ce statut. On estime que le nombre des travailleurs américains indépendants dépasse déjà les 50 millions soit environ la moitié de la population active.
Le travailleur indépendant peut aussi travailler seul. C’est le cas de Gaetano Barbieri, guide à Rome. Son site internet en anglais, français et italien décrit ses prestations. Un formulaire de contact lui permet de planifier son activité et de générer ses revenus sans être obligé de passer par l’intermédiaire d’un opérateur touristique. C’est également le cas de Per Oloff Peterssen, étudiant à en économie environnementale à l’université suédoise de Göteborg. Per Oloff finance ses études en réalisant des études de marché pour divers groupes américains qui envisagent de s’implanter en Scandinavie. Aminata M’Baye, formée en France et aux Etats-Unis, est devenue consultante internationale pour plusieurs grands groupes pharmaceutiques : elle l’identifie les substances potentiellement intéressantes dans les pharmacopées africaines.
Le marché du travail du futur va donc se caractériser par une grande diversité de statuts où le pire (précarité et faible rémunération) côtoiera le meilleur : emploi valorisant, porteur de sens et d’engagement, favorisant la créativité, la responsabilité, l’esprit d’équipe et la réussite d’ensemble, etc.
Tout aussi importants que les évolutions technologiques, les choix politiques et organisationnels des entreprises comme des États conditionneront la façon dont le travail s’organisera et sera reconnu. Plus encore qu’aujourd’hui l’éducation et la formation seront les facteurs prépondérants pour la réussite individuelle.
A plus long terme se posera le problème d’organiser la fin du travail en des termes que posait déjà le savant et philosophe Albert Jacquard en 1999 :
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