La France a la réputation d’être le pays champion des grèves. Entre le 18 décembre 1986 et le 15 janvier 1987, la SNCF a ainsi connu la grève la plus longue de son histoire : 28 jours sans même une trêve pour Noël. Pourtant, objectivement les grévistes de l’hexagone font figure de petits joueurs face à leurs homologues américains.
Le 15 juin 2003, environ 130 membres du syndicat « UNITE HERE ! » se sont mis en grève pour protester contre la volonté de la direction du Congress Plaza hotel de Chicago de réduire les salaires de 7% et de limiter les avantages sociaux notamment la couverture de santé.
Après 4 ans de grève, plus de la moitié des grévistes tiennent bon. Ils reçoivent de leur syndicat un soutien de 200 dollars par semaine. Ce n’est pas assez pour vivre. La plupart doivent trouver un deuxième emploi pour subvenir à leurs besoins, certains changent d’employeurs. Le 16 juin 2007, Barack Obama, alors candidat à la présidence, rend visite à leur piquet de grève. Il promet de revenir en tant que président…. mais ne tient pas sa promesse. Le temps passe. La grève s’étiole et certains finissent par retourner au travail mais un noyau dur va résister pendant des années. La grève se termine le 30 mai 2013 après près de 10 ans. Les grévistes et la dégradation de l’image de l’établissement ont considérablement impacter la rentabilité de l’hôtel mais aucune concession n’a été accordée par la direction. Les employés qui reprennent le travail retrouvent le même salaire qu’au début du conflit, il y a une décennie, soit 8,83 dollars de l’heure, quand le salaire horaire standard à Chicago dans la profession avait quasiment doublé depuis et s’établissait à 16,40 dollars. Une défaite amère pour UNITE HERE!
D’autres grèves, plus dures encore, ont eu plus de réussite. Ainsi, en 1991, cinq cents travailleurs de la coopérative Diamond Walnut à Stockton en Californie se sont mis en grève pour obtenir une augmentation de leurs salaires. Les grévistes, pour la plupart des femmes, étaient de toutes origines : noirs, blancs, latinos, nouveaux arrivants d’Asie du Sud-Est. En 2005, après une grève de près de 14 ans et un boycott des consommateurs, le plus grand transformateur de noix au monde fut contraint de négocier avec le syndicat un nouveau contrat de travail et de meilleurs salaires pour les employés. Si la plupart des 500 grévistes du début du conflit ont trouvé des emplois ailleurs et ne sont pas retournés à l’usine, ceux qui ont pris la suite bénéficièrent du succès de la plus longue grève de l’histoire récente des États-Unis, menée sans aucune violence.