De la possession à l’usage, du bail emphytéotique à la propriété temporaire, la propriété privée inventée avec révolution agricole touche à fin. Une parenthèse de 10.000 ans s’apprête à se refermer, une période finalement courte au regard des 3 millions d’années du genre Homo. Une mutation qui n’est cependant pas sans risque
Aujourd’hui tout se loue. De plus en plus et dans tous les domaines. Parallèlement, l’achat d’occasion se développe. Globalement, on s’attache moins aux choses.
Ce changement de paradigme aura des conséquences positives pour l’environnement : moins de gaspillage, moins de matières et d’énergie consommée, fin de l’obsolescence programmée, etc. Par exemple, aujourd’hui le commerçant vous pousse à changer de e-bidule le plus souvent possible car son intérêt est de vous vendre un maximum de e-bidules. Son rêve serait de vous vendre un nouvel e-bidule tous les matins. Dans le futur, s’il vous loue le e-bidule, son intérêt sera que le e-bidule dure le plus longtemps possible ou qu’il passe de main en main jusqu’à son épuisement final. D’une logique de consommation on passera à une logique de durabilité.
En revanche, le risque est que la propriété des biens ne se concentre de fait dans les mains d’un petit nombre de personnes qui prennent le pouvoir sur la multitude qui ne possèderait alors plus rien. Entre rêve et cauchemar la frontière pouvant être bien mince, il est urgent de réfléchir aux conséquences d’une évolution qui se précise et de repenser le concept même de propriété. Celle qui entraine un revenu (celle du capitaliste qui tire un profit de son bien) et celle qui garantit la jouissance d’un bien propre (celle de sa maison par exemple).