Les grandes pandémies ne sont pas nouvelles dans l’histoire de l’humanité.
Déjà au 2ème siècle de notre ère, la peste galénique, une variante de la variole, cause la mort de 5 à 10 millions de personnes en Europe. Elle marque la fin de la dynastie des Antonins et amorce le déclin de l’empire romain. Au 6ème siècle, la peste de Justinien, du nom de l’empereur romain de l’époque, frappe l’occident, l’empire byzantin et l’Asie mineure. Elle tue un quart de la population des zones touchées soit quelque 40 millions de personnes. Au 14ème siècle la peste noire provoque la mort d’une centaine de millions de personnes en Asie, en Afrique et en Europe. Par endroit plus de la moitié de la population est emportée par la maladie.
Les mortalités observées dans l’antiquité, au moyen-âge et jusqu’aux temps modernes, s’expliquent en grande partie par la pauvreté, par une hygiène rudimentaire et par une médecine qui n’était pas encore très avancée. Les grandes hécatombes étaient cependant relativement peu fréquentes. Des foyers épidémiques localisés apparaissaient régulièrement ça et là mais plusieurs siècles s’écoulaient entre deux pandémies majeures.
Depuis la révolution industrielle et la mondialisation, ce n’est plus le cas.
Les hommes se sont concentrés dans de grandes zones urbaines favorisant la promiscuité ; leurs activités altèrent le climat et entraînent une diminution de la biodiversité. A la différence des animaux et des plantes, les microbes ne disparaissent pas du fait de l’inconscience écologique des hommes. Au contraire le monde de l’infiniment petit pullule plus que jamais. Il mute, se transforme à grande vitesse et occupe les vides biologiques créés par l’homme. Pendant que l’espèce humaine épuise les forêts, les terres et les océans, de nouveaux agents pathogènes se répandent. De nouveaux virus et de nouvelles bactéries suivent les hommes et leurs produits qui vont et viennent partout sur la planète.
Dès le début du 20ème siècle, les grandes épidémies réapparaissent et leur fréquence augmente. Entre 1918 et 1919, la grippe, improprement appelée espagnole, touche l’Amérique puis l’Europe avant de se propager en Chine, en Inde et au reste du monde. Le virus fait près de 100 millions de morts : cinq fois plus que les combats de la première guerre mondiale. Dans le seconde moitié du siècle d’autres épidémies se succèdent : la grippe asiatique dans les années 1950 et la grippe de Hong-Kong dans les années 1960 font chacune plus d’un million de morts. Dans les années 1980 le sida fait son apparition ; à ce jour, malgré les trithérapies, il est responsable de près de 40 millions de morts.
Depuis les années 2000, les maladies endémiques deviennent récurrentes. En 2002 le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) fait son apparition en Chine et s’étend à une trentaine de pays. Le coronavirus à l’origine de la maladie provoque des pneumonies aiguës souvent mortelles. En 2003, la grippe aviaire ravage d’abord les élevages de poulets de Chine avant de se transmettre à l’humain. Grâce à l’urgence sanitaire mondiale décrétée par l’OMS, le bilan de la grippe aviaire se limite à environ un millier de morts. Par contre, en 2009 et 2010, la méningite bactérienne se développe en Afrique et entraîne des milliers de décès. Au même moment, le virus H1N1 et ses complications respiratoires tue plus de 200.000 personnes dans le monde. En 2012, une autre forme de coronavirus provoque le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) qui tue 40% des personnes infectées. Depuis son apparition, en 2013, la maladie à virus Ebola, responsable de fièvre hémorragique, a déjà tué des milliers de personnes en Afrique. Après une légère accalmie, l’épidémie est repartie de plus belle en 2019. Cette même année, en France métropolitaine, le virus Zika, transmis par le moustique tigre fait ses premières victimes.
Aujourd’hui en 2020, c’est de nouveau une forme de coronavirus, le Covid-19, qui frappe la planète. Une nouvelle course est engagée pour trouver un vaccin et des remèdes pour lutter contre une épidémie dont on mesure encore mal l’ampleur et les conséquences.
La science seule ne permettra cependant pas de résoudre le problème plus profond qui résulte des atteintes portées à la nature et au vivant par l’homme. Si l’espèce humaine ne modifie pas sa relation à son environnement, si elle n’adapte pas son économie au-delà de la recherche du gain à court terme, si elle ne parvient pas à adopter un comportement collectif responsable, il faut s’attendre à des pandémies de plus en plus mortelles, sans doute bien pire encore que celle du Covid-19.
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