Ce 4 avril dernier, dans un tweet qui a vite fait le buzz, Max Hodak, le cofondateur de la société Neuralink avec Elon Musk, affirme que les biotechnologies devraient pouvoir d’ici une quinzaine d’années, créer des créatures vivantes totalement nouvelles, dignes de peupler un Jurassic Park moderne. Il ne s’agirait pas de dinosaures mais d’animaux qui pourraient être tout aussi exotiques et étonnants. Pour ce spécialiste de la bio-ingénierie et des implants cérébraux, les biotechnologies seront en effet bientôt en mesure de répondre au problème de la perte de biodiversité en créant de nouvelles espèces…
L’idée n’est d’ailleurs pas nouvelle comme le rappellent Jacques Carles et Michel Granger dans leur ouvrage L’Apogée. Certains chercheurs travaillent depuis longtemps à la possibilité de ressusciter des espèces disparues. Les fossiles de dinosaures sont sans doute trop vieux pour permettre la récupération de leur ADN dans un état de conservation suffisant pour les rendre à la vie, mais nous ne sommes qu’au tout début de l’histoire et les biotechnologies progressent à pas de géants.
En 2012, Svetlana Yashina et David Gilinchisky de l’Académie des Sciences de Russie ont retrouvés dans le pergélisol sibérien des fragments d’un fruit d’une plante archaïque de Silene stenophylla. Les scientifiques ont prélevé sur ces restes glacés depuis des millénaires du tissu placentaire qu’ils ont ensuite mis dans un milieu de culture contenant des hormones végétales. Des pousses sont apparues qu’ils ont pu féconder en laboratoire avec du pollen, lui aussi trouvé dans le pergélisol. Le Silene stenophylla était ressuscité !
L’institut de recherche sur la conservation des ressources naturelles qui dépend du zoo de San Diego en Californie a créé une banque où sont conservés à la température de l’azote liquide les tissus cryogénisés de plus de 1 000 espèces disparues ou en voie de disparition. Robert Lanza, un pionnier de la bio-ingénierie, a pu ainsi y puiser quelques cellules de Banteng de Java qu’il a réussi à transformer en cellules germinales. En utilisant une vache comme mère porteuse il est ensuite parvenu à faire naître un bébé banteng javanais qui se porte bien et est encore en vie.
Le retour du mammouth laineux en Sibérie, un challenge que se sont fixés plusieurs équipes russes de la dé-extinction, n’est sans doute pas pour tout de suite, mais la recherche avance tellement vite que plus rien n’est impossible.
Dans le passé, chaque extinction massive a entraîné des ruptures importantes dans l’évolution du vivant, la sixième, celle que gèrera l’homme ne devrait pas faire exception. Après le sauvetage d’espèces quasi disparues, après à la résurrection d’espèces éteintes, la biodiversité pourrait bien être programmée et développée par l’espèce humaine.
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