L’enseignement n’est alors plus seulement un moyen d’enrichir la culture générale d’un individu, de lui donner les outils pour penser et pour réfléchir par lui-même. Il ne s’agit plus de transmettre le savoir pour le savoir mais de former une main d’œuvre compétente. Le savoir acquière une valeur économique. Il est monnayable pour ceux qui ont fait l’effort de l’acquérir et il est source de valeur ajoutée pour les entreprises. Dans ces conditions l’enseignement supérieur délaisse les « humanités » et se rapproche du monde de l’entreprise. Il devient un produit marchand qui obéit aux lois de l’offre et de la demande.
Dans de nombreux pays le secteur privé se développe, encouragé par les pouvoirs publics qui ont de plus en plus de mal à pouvoir assumer le coût que représente le nombre croissant d’étudiants. En Corée, au Japon, en Indonésie, aux Philippines, le secteur privé draine 70% des étudiants. En Amérique latine (Mexique, Chili, Brésil, etc.) la moitié des étudiants sont inscrits dans le privé. En Inde et dans de nombreux pays émergents, l’enseignement supérieur est de bien meilleure qualité dans le secteur privé que dans le secteur public. Au niveau mondial, les établissements privés (associatifs, confessionnels ou à but lucratif) détiennent 32% du « marché » de l’enseignement supérieur [1]. En France, 1 étudiant sur 5 suit désormais des cours dans l’enseignement privé et les frais de scolarité s’envolent : dans certaines écoles de commerce, le coût d’une année d’étude peut dépasser les 10.000 euros.
Cette évolution accroît les inégalités sociales. Elle transforme l’enseignement supérieur en business dont la finalité est la rentabilité avant même l’enseignement. Le contenu de la formation peut néanmoins être excellent. Il est en tout cas conçu pour répondre aux attentes des entreprises. Les professeurs de talent, recrutés au niveau mondial, sont autant liés au monde des affaires qu’au monde académique.
Des groupes spécialisés d’investisseurs privés spécialisés apparaissent. Les fonds de pensions achètent des écoles comme ils achètent des sociétés commerciales ou des club de football. C’est ainsi que le groupe Apax Partners a fait l’acquisition pour 200 millions d’euros de l’INSEEC, un réseau spécialisé dans l’enseignement supérieur privé qui gère une dizaine d’écoles en France et à l’étranger (Paris, Bordeaux, Lyon, Monaco, Londres, Chicago, etc.). A Paris le célèbre Cours Florent qui a formé de nombreux comédiens et artistes réputés a d’abord été racheté en 2012 par Studialis, un groupe d’enseignement supérieur, qui s’est développé autour des écoles de management ESG (Aix-en-Provence, Montpellier, Toulouse…). Depuis l’ensemble a été repris par Galileo Global Education, un fond d’investissement américain, pour 250 millions d’euros, un montant qui illustre la rentabilité de certaines écoles privées.
L’enseignement supérieur génère également des sous-produits rentables. On estime que l’accueil des étudiants étrangers aux Etats-Unis rapporte plus de 20 milliards par an entre les frais de scolarité et les frais de séjour. Les projets de « hubs » de l’enseignement supérieur qui fleurissent de la Malaisie à l’île Maurice ont des finalités plus proches de l’économie touristique que de la formation.
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[1] Source : ISU (Institut de statistique de l’UNESCO)
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