Le rire est le propre de l’homme disait François Rabelais en 1534 (1). Si l’homme est le seul animal qui ait la faculté de rire, il est aussi ,hélas, le seul animal à se battre pour autre chose que pour survivre. A tous les âges de l’humanité, dans toutes les civilisations, l’Homme se bat pour le pouvoir, la conquête, la religion, l’idéologie, l’accès à des ressources naturelles, le contrôle de routes commerciales. Ces causes ne sont pas exhaustives et peuvent souvent se chevaucher, s’entremêler ou se combiner pour produire des conflits. Les guerres peuvent également être déclenchées par des événements imprévus ou des circonstances spécifiques qui ne peuvent pas être facilement anticipées. Parfois, on ne sait même pas trop pourquoi les hommes se font la guerre. Rien ne semble pouvoir arrêter les conflits, les guerres sont comme les têtes de l’Hydre de Lerne, quand on en finit avec une, deux autres apparaissent à sa suite.
Au cours de cinq derniers siècles, 70% des conflits les plus meurtriers du monde ont eu lieu en Chine. Au 19ème siècle, par exemple, les guerres de clans (Taiping et autres) ont coûté la vie à 52 millions de personnes, une hécatombe comparable à la seconde guerre mondiale.
Les actuelles tensions en mer de Chine ne sont donc pas pour nous rassurer tout comme les discours qui tentent de banaliser le recours à l’arme nucléaire. Si une troisième guerre mondiale éclatait au 21ème siècle, selon une projection basée sur l’analyses des centaines de conflits du passé, elle pourrait provoquer la mort de quelque 400 millions de personnes.
Une autre étude parue récemment dans la revue scientifique Nature (2) est encore plus pessimiste. Les énormes quantités de poussières et de fumées rejetées auraient des conséquences comparables ou supérieures à celles d’une éruption volcanique cataclysmique, telle celle du Krakatoa en 1883 ou du volcan Tambora en 1815, en réduisant considérablement le rayonnement solaire pendant plusieurs mois. Dans le cas d’un conflit mondial majeur la température terrestre moyenne pourrait ainsi chuter d’environ 7 °C, soit un changement plus important que lors de la dernière période glaciaire – qui s’est achevée il y a 11.700 ans. La planète mettrait des centaines voire des milliers d’années pour sortir de ce “petit âge glaciaire”. Au-delà des victimes directes des explosions, une guerre nucléaire, par exemple entre les États-Unis et la Russie, pourrait provoquer jusqu’à 5 milliards de décès…
(1) François Rabelais : « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme”, ou plus simplement “Gargantua”, écrit en 1534.
(2)Xia, L., Robock, A., Scherrer, K. et al. Global food insecurity and famine from reduced crop, marine fishery and livestock production due to climate disruption from nuclear war soot injection. Nat Food 3, 586–596 (2022). https://doi.org/10.1038/s43016-022-00573-0 (voir aussi : Cheryl S. Harrison et al., A New Ocean State After Nuclear War (AGU Advances, July 2022) – https://doi.org/10.1029/2021AV000610)